Un événement néfaste à une personne est bénéfique à une autre. Et, plus cyniquement : d’une situation malheureuse pour les uns, les autres tirent partie et profit.
Le proverbe est parfois utilisé en inversant les termes : le bonheur des uns fait le malheur des autres. Il garde le même cynisme.
Voltaire, écrivain et philosophe français (de son vrai nom François Marie Arouet, 1694-1778), est souvent considéré comme l’auteur de la formule.
Dans Candide ou l’optimisme, roman philosophique qui dresse un tableau du monde où le malheur est partout, l’idée générale du proverbe est en effet largement diffusée.
Une formulation du proverbe qui y apparaît est : « Tout cela était indispensable, […] et les malheurs particuliers font le bien général, de sorte que plus il y a de malheurs particuliers, et plus tout est bien. »
Le roman philosophique de Voltaire a bien sûr un sens profond et universel. Le proverbe, toujours employé dans des circonstances très précises, a tendance à réduire les choses à un commentaire.
Un autre passage du roman est souvent cité, en tant que fondement du proverbe : « Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C’est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. »
Plus superposable à l’emploi actuel et plus ancien, un proverbe du vieux français dit : Ce qui nuit à l’un duit [profite] à l’autre. Il vient d’Érasme (humaniste et théologien néerlandais, v. 1469-1536) qui, dans ses Adages (IV) écrit : « Ce qui nuit à l’un profite à l’autre ».
Enfin, Montaigne peut aussi être considéré comme père du proverbe. Dans ses Essais (1, 1580), il en écrit une autre version : « Le profit de l’un est le dommage de l’autre ».
Le génie proverbial semble s’accorder à la vision de Voltaire, nulle trace de proverbe évoquant le bonheur de tous et ensemble !
Pourtant, vieux proverbe français : Deux bestes paissent bien en un pré, il y a de la place pour être heureux ensemble… (Le Gai, 1852).
5 films tous très différent mettent en image le proverbe !
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