Le proverbe a deux sens possibles…
Il ne faut pas tirer de conclusion d’un fait ou d’un élément unique.
Et, plus généralement : il ne faut pas se fier trop vite aux apparences ; une seule personne ne suffit pas pour réaliser un but d’envergure.
Traduit du latin, le proverbe trouve sa première expression chez Aristote (philosophe grec, 384 -322 av. J.C.). Elle se rapporte ainsi : « Une seule hirondelle ne fait pas le printemps ; un seul acte moral ne fait pas la vertu ».
Cette citation n’apparaît cependant pas exactement sous cette forme dans le texte d’origine (Éthique à Nicomaque, livre I, chapitre VI, 1098a).
« […] c’est donc que le bien pour l’homme consiste dans une activité de l’âme en accord avec la vertu et, au cas de pluralité de vertus, en accord avec la plus excellente et la plus parfaite d’entre elles. Mais il faut ajouter “et cela dans une vie accomplie jusqu’à son terme”, car une hirondelle ne fait pas le printemps, ni non plus un seul jour : et ainsi la félicité et le bonheur ne sont pas davantage l’œuvre d’une seule journée, ni d’un bref espace de temps ».
(Traduction de J. Tricot.)
Aristote emprunte l’image de l’hirondelle à Ésope (VIIe – VIe av. J.-C.) et à sa fable Du jeune prodigue et de l’hirondelle.
Une hirondelle se hâta un peu trop de repasser les mers, et vint quelques jours avant l’arrivée du printemps revoir le pays d’où elle s’était retirée aux approches de l’hiver.
Un jeune homme la vit arriver dans un jour assez beau. « Bon, dit-il en lui-même, voici l’avant-courrière de la belle saison ; plus de froid, ainsi je puis me passer de cette robe, qui commence à me peser sur les épaules. »
Cela dit, il courut la vendre, et dissipa par de folles dépenses l’argent qu’il en eut. Il ne tarda guère à s’en repentir ; car quelques jours après, le froid revint, et si rude, que le jeune homme en fut saisi, faute de robe, et mourut, aussi bien que l’hirondelle, dont l’augure lui avait été si funeste. »
Ésope, Fables choisies
(Traduction de 1869, citée par http://www.shanaweb.net/esope/les-fables-esope.htm)
Le proverbe a été répertorié en 1842 dans Le Livre des proverbes français, par Antoine de Lincy, bibliographe et médiéviste (1806-1869).
Et le proverbe existe ainsi à l’identique beaucoup de langues : anglais, espagnol, italien, polonais, grec, suédois, vietnamien…