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Côté mots

C’est quoi un proverbe ? Le Génie des nations !

Nation vient du verbe naître…

Cela laisse entendre à quel point l’endroit où l’on naît détermine ce que l’on est, et donc ce que l’on dit…

Quant au génie (la capacité d’inventer), il est le propre de l’homme, en particulier s’il s’applique à la parole.

Comme le dit un dictionnaire, les proverbes appartiennent à « tout un groupe social »…

Et il suffit de comparer « Il ne faut jamais remettre au lendemain ce qu’on peut faire le jour même », proverbe français, avec « Si tu es pressé, c’est que tu es déjà mort », proverbe arabe, pour voir que, selon les cultures, les proverbes varient et peuvent même s’opposer.

À l’heure où la mondialisation tend à gommer racines et spécificités, ils sont donc une mine d’or pour appréhender l’histoire des traditions, les cultures, le conscient et l’inconscient collectifs des peuples.

Réputés « sagesse des nations », les proverbes appartiennent à chaque patrimoine. Mais celui qu’ils constituent est bien particulier : ils sont à la littérature ce que la création artisanale est à l’art exposé dans les musées.

Voir des citations d’auteurs autour de la “sagesse des nations”…

• Beaumarchais est sans doute le premier à avoir utilisé l’expression dans Le Mariage de Figaro (1784) : « Ah ! Voilà notre imbécile avec ses vieux proverbes ! Hé bien ! Pédant, que dit la sagesse des nations ?… » (Acte I, scène 1.)

• Le Dictionnaire de Trévoux (ouvrage de Jésuites) la rapproche de Jérôme Cardan (scientifique & philosophe Italien, 1501-1576) : « Je suis de l’opinion de Cardan, lorsqu’il dit en ses livres De Sapientia, que la sagesse & la prudence de chaque Nation consiste en ses proverbes. »

Mais par la suite, l’expression et son contenu ont été rabaissés ou critiqués…

• Jules Renard écrit dans son Journal, le 20 juillet 1898 : « La sagesse des Nations, cette imbécile ».

• Et Théodore Monod (naturaliste et humaniste qui semble oublier que les proverbes peuvent être plein d’ironie) :

« Les lieux communs et les dictons de la prétendue “sagesse des nations” sont bien la forme la plus insidieuse et la plus malfaisante du mensonge. “L’argent n’a pas d’odeur” ? Alors qu’il pue terriblement. “Si vis pacem para bellum” ? Alors qu’il n’est pas d’exemple dans l’histoire de course pacifique aux armements qui ne s’achève dans le sang. “La fin justifie les moyens” ? Et c’est la torture réinstallée dans la plupart des polices et toutes les armées du monde… Et, bien entendu, le fameux : “On n’arrête pas le progrès”, argument péremptoire, définitif, dès qu’il s’agit de justifier une nouvelle sottise. »

Et si l’aventure humaine devait échouer, Grasset & Fasquelle 2000, p. 105.

« Impossible n’est pas français », mais aussi…

« Impossible de se tenir debout sans jamais se courber », proverbe japonais, ou « Ne demandez ni ne désirez l’impossible », proverbe oriental.

En fonction de sa culture, chaque communauté de langue a accumulé son trésor de proverbes en le teintant de nuances bien particulières.

Malgré leurs spécificités par nation, les proverbes ont néanmoins de multiples parentés. Leur façon d’énoncer des vérités est toujours à peu près le même.

On peut d’autant plus parler d’une “grande famille” que les proverbes se ressemblent, d’une communauté linguistique à l’autre. Ces ressemblances s’expliquent souvent par l’origine commune des langues.

La France, l’Italie et l’Espagne partagent beaucoup de proverbes du fait de leur l’origine latine, par exemple.

En savoir plus

Les langues indo-européennes forment une famille bien plus large, qui a donné à peu près un millier de langues et de dialectes… Mais l’hypothèse est qu’elle était une “langue mère” unique… Qui a sans doute produit des proverbes, elle aussi.

Cela peut expliquer la proximité de proverbes dans des pays parfois très éloignés.

Dans toutes les régions du monde, les dialectes et les langues se regroupent en grands groupes à l’intérieur desquels les proverbes de chaque nation trouvent des échos voisins.

Quelles influences sur les proverbes ?

L’histoire des pays (paisible ou tourmentée, ancienne ou récente) et les croyances religieuses ont bien sûr une grande influence sur la pensée commune, et du même coup, sur les proverbes.

Mais usages et pensée sont plus liés qu’on ne le pense, et les premiers dépendent des conditions naturelles : ici plus de soleil, là des montagnes, ailleurs un climat désertique ou une facilité de vie au contraire…

Montesquieu (philosophe français) a fondé dès le XVIIIe une théorie des climats, déterminante pour la pensée humaine (Lettres persanes, 1721, L’esprit des lois, 1748).

Les proverbes sont d’autant plus influencés par la nature que, dans leur immense majorité, ils sont nés à une époque où la vie était très largement rurale. Les nombreuses images qu’ils empruntent retracent cette vie fondamentalement liée aux éléments naturels.

Voir quelques exemples autour des animaux.

Même les pays occidentaux, de vieille histoire agricole, ont produit beaucoup de proverbes animaliers…

En France, par exemple :

Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs.

Qui vole un œuf vole un bœuf.

Mieux vaut maintenant un œuf que dans le temps un bœuf.

Chacun son métier et les vaches seront bien gardées.

Aujourd’hui chevalier, demain vacher.

Qui ose prendre le veau / Osera prendre vache et troupeau.

Homme seul est viande à loup.

À la chandelle, la chèvre semble demoiselle.

On ne peut ménager la chèvre et le chou.

Quand le chat n’est pas là, les souris dansent.

On n’engraisse pas les cochons avec de l’eau claire.

Folle est la brebis qui se confesse au loup.

Aux chevaux maigres vont les mouches.

Il ne faut pas courir deux lièvres à la fois.

En Afrique, les proverbes autour des crocodiles sont innombrables :

Même si une écorce d’arbre reste longtemps dans l’eau, elle ne devient pas un crocodile.

Qui flatte le crocodile peut se baigner tranquille.

Celui qui rame dans le sens du courant fait rire les crocodiles.

Traversez la rivière en foule, le crocodile ne vous mangera pas.

Si en te baignant tu as échappé au crocodile, prends garde au léopard sur la berge.

Ne te fâche pas avec le crocodile avant de franchir la rivière.

Mais « La raison du plus fort est toujours la meilleure » trouve un bien joli opposé grâce à un autre animal :

En dépit de sa taille, le caméléon atteint le sommet des arbres les plus hauts.

L’âne, quant à lui, semble être un animal très international :

N’attelle pas ensemble l’âne et le cheval. (Français) ;

Qui est tombé de cheval dit à l’âne qu’il a voulu descendre. (Italie) ;

J’aime mieux un âne qui me porte qu’un cheval qui me désarçonne. (Espagnol) ;

Si la forte voix servait à quelque chose, l’âne se serait fait construire des palais. (Libanais) ;

Qui fait l’âne ne doit pas s’étonner si les autres lui montent dessus, ou Bride de cheval ne va pas à un âne. (Chinois) ;

Fou celui qui veut éclairer le soleil, fou celui qui veut amuser son âne, ou N’attends que ruades de l’amitié d’un âne. (Indiens) ;

L’âne peut aller à La Mecque, il n’en reviendra pas pèlerin, ou Méfie-toi du tigre plus que du lion, et d’un âne méchant plus que du tigre. (Arabes).

Si l’on peut tenter de repérer ce qui fait dénominateur commun aux proverbes d’une communauté linguistique. L’entreprise est risquée…

D’une part, il faut éviter les généralisations réductrices, d’autre part, le patrimoine de chaque culture recèle souvent assez de surprises pour qu’il devienne difficile de tirer des conclusions.

Mais surtout, chaque nation compte tellement de proverbes qu’il est inimaginable d’en faire le tour. Voici cependant une tentative de présentation.

Les proverbes de langues romanes

« L’italien se parle aux femmes, le français aux savants, et l’espagnol à Dieu. »

Si ce proverbe espagnol est plutôt intéressant pour analyser “l’esprit” de ces trois pays, il n’a pas d’effet très sensible sur leurs patrimoines proverbiaux.

Rien ne prouve, par exemple, que l’italien ait produit plus de proverbes concernant les femmes que le français ou l’espagnol. Ces trois pays ont au contraire beaucoup de proverbes similaires, souvent même identiques.

Voir quelques exemples

À bon entendeur, salut ! / A buon intenditore poche parole ! / A buen entendedor, pocas palabras bastan ;

À chaque jour suffit sa peine / A ogni giorno basta il suo affanno / A cada día su refrán y su afán ;

A père avare, fils prodigue / A padre avaro, figliuol prodigo ;

Qui trop embrasse, 
Mal étreint / El que mucho abraja,
 poco aprieta ;

L’affection nuit à la raison / ficion ciega razon ;

Langue de miel, mains de fiel / Boca de miel, manos de hiel ;

Cela n’empêche nullement de trouver des spécificités pays par pays, bien sûr. Ainsi la présence du Vatican en Italie a entraîné l’amusant Le pape et le paysan unis en savent davantage que le pape seul…

Les proverbes d’origine germanique

Ils ont volontiers un caractère terre-à-terre qui les différencie des proverbes de langues romanes.

♦ Anglais : deuxième langue maternelle après le chinois et première langue étrangère apprise dans le monde, l’anglais a produit bon nombre de proverbes assez pragmatiques.

Possible insularité oblige, les thèmes de la distance vis-à-vis d’autrui et de la discrétion reviennent plus qu’ailleurs. Mais ils font aussi volontiers appel au célèbre humour anglais…

Voir quelques proverbes anglo-saxons

Au registre pragmatique :

La justice est chère, prenez une pinte et arrangez-vous ;

Le meilleur marché, c’est la première qualité ;

Le jour se mesure à ce que l’on a fait (« The better day, the better deed ») ;

Si on te donne une vache, cours-y vite avec une corde ;

Et le fameux : « Times is money », le temps, c’est de l’argent.

Au registre de la discrétion :

Moins on en dit, mieux c’est ;

Le onzième commandement : mêlez-vous de vos affaires ;

S’entremettre pour affaire d’autrui, c’est traire sa vache sur un tamis ;

Une haie entre deux amis garde l’amitié verte (proverbe existant aussi en allemand) ;

Aime ton voisin, mais ne supprime pas ta clôture ;

Les amis sont comme les cordes de violon, il ne faut pas trop les tendre ;

Et bien sûr : « There’s no place like home », rien ne vaut son chez soi.

Humoristiques :

Trop à l’ouest, il y a l’est ;

C’est un bon orateur, celui qui se convainc lui-même ;

Donnez une corde à un voleur et il se pendra lui-même ;

Former un couple, c’est n’être qu’un, mais lequel ?

♦ Allemand : l’allemand a des proverbes assez proches des anglais, souvent simples et concrets. Mais Aucun proverbe ne ment, seul le sens trompe ! Cet exemple est idéal pour ne pas faire de généralités trop hâtives…

Voir quelques proverbes allemands.

Mieux vaut pas de cuiller que pas de soupe ;

La poule étant à moi, l’œuf doit m’appartenir ;

Appelle-le voleur avant qu’il ne t’appelle de ce nom ;

La mauvaise marchandise est toujours trop chère ;

Le travail payé d’avance a les pieds de plomb ;

Différé n’est pas perdu ;

L’éponge absorbe, mais il faut la presser pour qu’elle s’exprime ;

Les pensées ne paient pas d’impôts ;

Brebis accommodantes trouvent place en la bergerie ;

Tout ce que tu sais, ne le dis pas ;

Tout ce que tu lis, ne l’adopte pas ;

Tout ce que tu entends, ne le crois pas ;

Tout ce que tu peux ne le fais pas ;

Un seul « voici » vaut mieux que dix « le ciel t’assiste » ;

Le linceul n’a pas de poches ;

Belles paroles ne se mettent pas en poche ;

Il est bon de nager près du bateau ;

Mêmes frères, mêmes bonnets ;

Peu de lois, bon état ;

La vieillesse est une maladie dont on meurt ;

Qui vieillit, refroidit ;

L’amour est aveugle, mais le mariage lui rend la vue ;

Rien n’est si doux ni si dur que le cœur ;

Le devoir, c’est d’aimer ce que l’on se commande à soi-même ;

La boue devient brillante lorsque le soleil luit.

♦ Américains : les proverbes des USA cherchent l’efficacité. Ils regardent eux aussi du côté de la valeur concrète des choses, celles de l’action et du succès reviennent volontiers.

L’histoire récente des U.S.A. teinte parfois leur registre d’une modernité flagrante.

Voir quelques proverbes américains.

La télévision, c’est le chewing-gum de l’œil ;

Le monde est une caméra, souriez s’il vous plaît ;

Les riches ont plus d’argent et les pauvres plus de bébés ;

Ça commence par un baiser, ça finit par un bébé ;

Le succès est une échelle sur laquelle on ne peut pas monter les mains dans le dos ;

Soyez sûr d’avoir raison, puis allez-y ;

La plus courte réponse est l’action ;

Vous ne saurez jamais ce dont vous êtes capables si vous n’essayez pas ;

La création engendre la création ;

Sue et tu seras sauvé ;

On aura bien assez de temps dans la tombe pour dormir ;

La vie ne demeure jamais immobile, si vous n’avancez pas, vous reculez.

D’autres proverbes conseillent de sourire :

Ne pas sourire est un péché ;

Quand tu montes à l’échelle, souris à tous ceux que tu dépasseras, tu les croiseras en descendant.

D’autres proverbes du continent européen

Le répertoire européen est aussi riche que varié, et « Les proverbes disent ce que le peuple pense », proverbe suédois !

La rubrique ne prétend pas présenter des proverbes du monde entier pour le moment et bienvenue à celles et ceux qui voudraient l’alimenter, en décelant les spécificités proverbiales de chaque langue…

Voici quelques proverbes suisses, belges, polonais, grecs et portugais, pour l’instant.

Voir quelques autres proverbes européens.

Belges :

La belle cage ne nourrit pas l’oiseau ;

Main de velours, cœur de beurre ; main d’ouvrage, cœur de courage ;

On achète les bons chevaux à l’écurie ;

L’amour, c’est comme les spaghettis; quand c’est mou, c’est cuit ;

Que celui qui n’est pas content de son voisin recule sa maison.

Suisses :

Chacun a ses manies, et qui croit n’en pas avoir en a plusieurs ;

Dans une maison d’or, les heures sont de plomb ;

On ne gagne pas beaucoup à courir le monde ;

La femme qui aime à laver trouve toujours de l’eau ;

Le diable se cache dans les détails.

Polonais :

Aime-toi toi-même, laisse la foule te haïr ;

Avec une vierge, comme tu veux ; avec une veuve, comme elle veut ;

L’amour pénètre dans l’homme par les yeux et dans la femme par les oreilles ;

L’amour sans jalousie est comme un Polonais sans moustache ;

La femme devient folle deux fois : quand elle est amoureuse et quand elle grisonne ;

Pour croire avec certitude, il faut commencer par douter ;

La vérité ne rassasie pas et le mensonge n’étouffe pas ;

Il n’est pas difficile de jouer, mais de s’arrêter de jouer.

Grecs :

Les serments des amoureux ne parviennent pas à l’oreille des dieux ;

Au royaume des aveugles le borgne est roi ;

Si tu gagnes de l’argent à parler, tu gagnes de l’or à te taire ;

Mieux vaut cinq dans la main que dix à attendre ;

La roue qui tourne ne rouille pas.

Portugais :

À grand bateau, grande tempête ;

Brebis qui bêle, bouchée elle perd ;

Chat qui miaule chasse d’autant moins ;

Ce n’est pas parce qu’une hirondelle meurt, que le printemps est fini ;

Être lent à donner est tout comme de refuser ;

Le désir embellit ce qui est laid ;

Un Portugais est toujours plus près de la frontière que de Lisbonne.

Proverbes canadiens & québécois

« À tout proverbe on peut trouver sa chaussure », proverbe québécois qui laisse entendre que ces nations sont attentives au patrimoine proverbial, encore une fois.

Ils sont souvent emprunts de modernité et de pragmatisme comme leurs cousins nord-américains. Ils parlent bien sûr volontiers de la neige, de l’hiver…

Voir quelques proverbes canadiens & québécois.

Québécois :

On ne peut pas tous être beaux et savoir téléphoner ;

Il y a deux sortes de gens : ceux qui peuvent être heureux et ne le sont pas, et ceux qui cherchent le bonheur sans le trouver ;

Si l’union fait la force, les coups font les bosses ;

C’est la bonne femme qui fait le bon mari ;

Que sert à l’homme de gagner l’univers s’il n’a pas de culotte pour passer l’hiver.

Canadiens :

En France, tout se termine par des chansons ;

Pour sauver un arbre, mangez un castor ;

Un homme sans femme ne tient pas l’hiver ;

La neige est à sa hauteur ;

Un parapluie ne sert à rien quand on a les pieds dans la boue ;

Le Canadien passe la moitié de son temps à expliquer aux Américains qu’il n’est pas Britannique, et l’autre moitié à expliquer aux Britanniques qu’il n’est pas Américain.

Proverbes d’Amérique latine

Au Brésil, les proverbes sont très nombreux et s’affichent sur les garde-boue des camions !

Partout ailleurs, le fondement récent des pays d’Amérique Latine entraîne une relative pauvreté du répertoire.

L’histoire a induit que des proverbes espagnols entrent dans les patrimoines, ou que certains proverbes parlent de situations politiques encore très actuelles, parfois…

Enfin, il existe des proverbes amérindiens, mais plusieurs d’entre eux ressemblent plutôt à des citations de chefs indiens.

Voir quelques proverbes d’Amérique Latine.

L’homme qui regarde l’horizon ne voit pas la prairie devant lui ;

Dieu est loin et nous devons négocier avec ses intermédiaires, les montagnes ;

Pauvre Mexique, si loin de Dieu et si près des Etats-Unis ;

Les Animaux Sont Les Anges De Cette Terre (Pérou) ;

De la hâte il ne reste que la fatigue (Venezuela) ;

Une papaye offerte est une papaye mangée (Colombie) ;

Quand une tuile tombe de ton toit, C’est l’opportunité de voir dix milles étoiles. (Argentine)

♦ Bolivie :

Un Bolivien n’est jamais aussi fort que lorsqu’il est en dehors de chez lui ;

Mieux vaut se perdre que de ne jamais partir ;

Mieux vaut jeûner avec les aigles que picorer avec les poulets ;

Si tu veux traverser l’Altiplano, marche lentement, dors seul et ne bois que de l’eau ;

Tout est possible mais rien n’est sûr !

Brésil :

L’occasion fait le larron ;

Une orange dans la rue : où elle est pourrie, où il y a des vers ;

À bon arbre, bons fruits ;

Dans la maison du forgeron la broche est en bois ;

Le chien qui jappe ne mord pas ;

Comme l’amour est aveugle, il est très important de toucher ;

Qui ne pleure pas n’a pas de tête ;

Les paroles ne salent pas la soupe ;

Dans la discussion naît la lumière ;

Fils adopté, travail doublé ;

Le saint de la maison ne fait de miracles ;

L’eau douce gouttant sur la pierre dure finit par la percer ;

Le pauvre mange de la viande quand il se mord la langue ;

Dieu est grand, mais la forêt est encore plus grande.

Amérindiens :

Une averse ne fait pas la moisson ;

L’amitié entre deux personnes dépend de la patience de chacun ;

La où sont mes pieds, je suis à ma place ;

La Terre n’est pas un don de nos parents. Ce sont nos enfants qui nous la prêtent ;

Fais du bien à ton corps pour que ton âme ait envie d’y rester ;

Avant de juger son frère il faut avoir marché plusieurs lunes dans ses souliers ;

Écoute sinon ta langue te rendra sourd !

Proverbes russes et slaves

Le patrimoine des proverbes russes est considéré comme l’un plus riches du monde. De fait, les russes leur accordent une grande d’importance et en usent beaucoup.

Réputée pour son romantisme et son sens du destin, « l’âme slave » est très loin de n’avoir produit que des proverbes fatalistes.

Mais nombre d’entre eux ont effectivement un charme aussi réel que spécifique.

Voir quelques proverbes russes.

Autour du destin :

Tsar et peuple, tout ira dans le terre ;

Contre la mort, il n’y a pas de filtre ;

Prie Dieu et continue à ramer vers le rivage ;

Dieu a créé le mal pour que l’enfer ne demeure pas vide ;

Ce qui est pris avec le lait ne sort qu’avec l’âme ;

La femme et la mort, Dieu les distribue ;

L’homme a trois fois de la chance, il naît, il se marie et il meurt ;

Si tu marches vite, le malheur t’attrape, si tu vas lentement, c’est le malheur qui t’attrape ;

Sur tous les thèmes :

Le monde est un chaudron, l’homme est la cuillère qu’on y trempe ;

Ne crache pas dans le puits, Il peut se faire que tu en boives ;

La vieillesse est plus sage que la jeunesse, mais le matin est plus sage que le soir ;

Le songe est plus caressant que père et mère ;

Ne dis pas « hop » avant d’avoir sauté ;

Si tu as saisi la corde, ne dis pas que les forces te manquent ;

L’eau n’oublie pas son chemin ;

Où il y a un petit pâté, il y a un petit ami ;

Eau qui dort, courant calme, usent les bords ;

N’embrasse pas l’occasion dont la bouche est sale ;

Entre mari et femme, on ne passe pas un fil ;

Dans la mare des mensonges, il ne nage que des poissons morts ;

La glace du printemps est trompeuse, le nouvel ami n’est pas sûr ;

Il n’y a pas deux étés dans l’année ;

En pays d’exil, même le printemps manque de charme ;

Le meunier est riche par le bruit ;

Tous ceux qui chantent ne sont pas gais ;

La rouille ronge le fer et le chagrin le cœur ;

La jeunesse grave sur la pierre, la vieillesse sur la glace ;

La richesse donne de la beauté aux laids, des pieds aux boiteux, des yeux aux aveugles, de l’intérêt aux larmes ;

Le silence est signe d’assentiment ;

Celui qui sait beaucoup dort peu ;

Quand la tête est coupée, on ne pleure pas les cheveux ;

On donna des yeux à un aveugle, et il s’est mis à demander des sourcils ;

Qui a de l’argent met dans sa poche ceux qui n’en ont pas ;

Épargner le voleur, c’est perdre l’honnête homme ;

N’achète pas la maison, mais achète le voisin ;

Un kopeck proche vaut plus qu’un rouble lointain ;

C’est avec la flèche faite de ses plumes qu’on abat l’aigle ;

L’orgueil va aux pauvres comme la selle à une vache ;

Même la poule a un cœur ;

Une vieille corneille ne croasse pas en vain ;

Chaque courlis vante son marais ;

Mieux vaut une mésange dans la main qu’une grue dans le ciel ;

La douleur embellit l’écrevisse.

Proverbes japonais

Insularité, densité humaine record, géographie et histoire mouvementées : les particularismes marqués du Japon semblent avoir retenti sur ses proverbes qui ont une vraie originalité de ton.

Assez méconnus en France, plein de charme et d’élégance, difficiles à traduire, ils s’expriment volontiers sur un mode elliptique. Ils dénotent souvent un mélange d’humilité et de fatalisme, peut-être en partie fondé sur la fréquence des tremblements de terre…

Au contraire du répertoire de bien des pays, ils s’attachent peu à la vie concrète, et beaucoup d’entre eux contiennent une mélancolie assez subtile, très proche de la poésie.

Voir quelques proverbes japonais.

Poétiques :

Il fait noir au pied du phare ;

L’absent s’éloigne chaque jour ;

Les fleurs d’hier sont les rêves d’aujourd’hui ;

L’oiseau en cage rêvera des nuages ;

La vie est une lumière dans le vent ;

Même la pensée d’une fourmi peut toucher le ciel ;

Le thé âpre est parfumé à la première tasse.

Odes au végétal, célébrations de l’art du jardin japonais :

Sur un cerisier mort, on ne trouve pas de fleurs ;

Les mots qu’on n’a pas dit sont les fleurs du silence ;

L’homme est le pin, la femme est la glycine ;

Un soldat battu craint un roseau ;

La fleur du lotus vient dans la boue ;

Le chagrin est partout, comme le vent dans les pins ;

La neige ne brise jamais les branches du saule.

Humbles ou fatalistes :

Impossible de se tenir debout sans jamais se courber ;

On apprend peu par la victoire, mais beaucoup par la défaite ;

Variante : On apprend peu par la victoire, mais pas plus par la défaite ;

La vie humaine est une rosée passagère ;

Quand un malheur passe, un autre arrive ;

Mieux vaut voyager plein d’espoir que d’arriver au but ;

Une rencontre n’est que le commencement d’une séparation ;

Quand la lune est pleine, elle commence à décliner ;

Demain soufflera le vent de demain ;

Il faut enfoncer le clou qui dépasse.

Proverbes chinois

« Lorsqu’on a appris le livre des proverbes, on n’a plus d’efforts pour parler », proverbe chinois !

Très nombreux, souvent anciens, les proverbes chinois sont généralement imagés, parfois drôles, fréquemment plein de sagesse.

Beaucoup sont d’ailleurs des citations de Confucius (philosophe chinois, fondateur du confucianisme, 551 à 479 avant J-C.) ou de Lao-Tseu (philosophe chinois vers 570-490 avant J-C.).

Voir quelques proverbes chinois.

Humoristiques :

Parler ne fait pas cuire le riz ;

Quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt ;

Si perçante soit la vue, on ne se voit jamais de dos.

Sages :

Mieux vaut apprendre à pêcher que de recevoir toujours du poisson ;

C’est par le bien-faire que se crée le bien-être ;

La porte la mieux fermée est celle qu’on peut laisser ouverte ;

Un jour en vaut trois pour qui fait chaque chose en son temps.

De Confucius :

Agis avec gentillesse, mais n’attends pas de la reconnaissance ;

Apprendre sans réfléchir est vain. Réfléchir sans apprendre est dangereux ;

C’est un tort égal de pécher par excès ou par défaut ;

Ce qu’on sait, savoir qu’on le sait ; ce qu’on ne sait pas, savoir qu’on ne le sait pas : c’est savoir véritablement.

De Lao-Tseu :

C’est ce qui manque qui donne la raison d’être ;

L’absence de désir, c’est la paix ;

Celui qui excelle à employer les hommes se met au-dessous d’eux ;

C’est la conscience humaine du Beau qui différencie le Beau du Laid ;

Le bonheur naît du malheur, le malheur est caché au sein du bonheur.

D’autres proverbes asiatiques

Incontournables, les proverbes tibétains sont légion, mais de même que les proverbes indiens, hindous ou encore vietnamiens…

Voir quelques autres proverbes asiatiques.

Tibétains :

Apprends comme si tu devais vivre pour toujours et vis comme si
 tu devais mourir ce soir ;

Les chiens n’aiment pas le bâton, les hommes n’aiment pas la vérité ;

La liane parvient au sommet d’un grand arbre en s’appuyant sur lui ;

Un mensonge est un saut du haut du toit ;

Le voyage est un retour vers l’essentiel ;

Bavardage est écume sur l’eau, action est goutte d’or ;

Les vrais chefs doivent savoir désobéir ;

Ce que l’on ne prend pas le temps de faire, le temps ne le respecte pas ;

Quand tu arrives en haut de la montagne, continue de grimper ;

Celui qui va lentement, arrivera rapidement.

Indiens :

Mieux vaut loucher que d’être aveugle ;

Tout désirer : chagrin ; tout accepter : joie ;

Fais du bien à ton corps, pour que ton âme ait envie d’y rester ;

Sois fidèle à ta promesse, et ne trompe pas l’homme qui compte sur toi ;

Tu peux sonder la profondeur d’un puits ; la profondeur de l’esprit est insondable ;

Le monde semble sombre quand on a les yeux fermés ;

Toute l’eau de la mer ne va qu’aux genoux de l’homme qui ne craint pas la mort.

Hindous :

La mort est l’ombre de la vie ;

Restreins les désirs de ton cœur dans les bornes de la modération ;

Une main sert à tout sauf à retenir le temps ;

À la maison le chat est un lion ;

Dans l’un est la force.

Vietnamiens :

À vouloir gagner des éloges, on perd son souffle ;

Pense à celui qui a planté l’arbre dont tu manges les fruits ;

La critique est facile mais l’art est plus compliqué ;

Avant de monter sur le dos du tigre, il faut savoir comment en descendre ;

À force de couler, l’eau finit par user la pierre.

Proverbes orientaux

Regroupant des proverbes arabes, persans, du Proche et du Moyen-Orient, les proverbes orientaux sont d’une richesse infinie.

Ils sont poétiques, sages, plein de conseils philosophiques et mériteraient un article à part entière. « De l’orient vient la lumière », dit un proverbe latin !

Et aussi : « Les Orientaux sont d’accord sur le fait qu’ils ne sont pas d’accord », dit un proverbe arabe, ou « Adam et Eve parlaient d’amour en Persan, mais l’ange qui les chassait s’exprimait en turc », dit un proverbe persan…

Cela laisse entendre que les orientaux et leurs proverbes peuvent plus que largement avoir envie de ne pas être assimilés, parfois.

Parmi eux, les proverbes arabes ont souvent une formulation élégante et précise dont découle un sens subtil. Leur fatalisme est plus fréquent que chez d’autres nations.

Quant aux proverbes maghrébins : respect des enfants, des vieillards, de la mendicité ou de la pauvreté… Ils contiennent bien sûr les valeurs de l’Islam, que l’on vérifie dans la réalité des usages.

Voir quelques proverbes orientaux.

Maghrébins :

La beauté du monde est faite de sa misère ;

Si un enfant te coupe la parole, écoute le ;

Proche est loin, loin est proche ;

Qui ne se satisfait pas de peu, ne se satisfait pas de beaucoup ;

Contente-toi de peu, et Dieu te donnera beaucoup ;

Le vieillard couché aperçoit ce que le jeune homme debout ne voit pas ;

Le fardeau supporté en groupe est une plume ;

Prête du bien, on te le rendra ;

Celui qui fait le bien, le retrouve dans sa tombe ;

De l’or avec la honte, c’est vil ! ;

Occupe toi de ce qui ne t’abaisse pas ;

Informe toi afin de savoir ce que tu ignores.

Arabes :

Les proverbes sont les lampes des mots ;

Dans la nuit noire, sur une pierre noire, une fourmi noire. Dieu la voit ;

Il faut que le hasard renverse la fourmi pour qu’elle découvre le ciel ;

Je donne une datte au pauvre, pour en goûter la vraie saveur ;

L’encre du savant est aussi précieuse que le sang du martyr ;

Le temps sera le maître de celui qui n’a pas de maître ;

N’est triste que celui qui comprend ;

L’homme porte son destin attaché à son cou ;

Quelque ami que vous preniez, il faudra vous en séparer un jour ;

Le naufragé s’attache aux cordes du vent ;

La mort est plus près de nous que notre paupière ;

En faisant le bien, vous trouverez le mal ;

Le sort enfante sans mamelles ;

Peu de richesses vont plus loin avec de la conduite, que des trésors mal gouvernés ;

Les hommes sont des caisses fermées dont la clé est l’épreuve ;

La beauté est demi faveur du ciel, l’intelligence est un don ;

Qui veut tout comprendre finit par mourir de colère ;

La ruse de qui est sans ruse, c’est la patience ;

La vieillesse qui étudie, écrit sur le sable ; et la jeunesse grave dans la pierre ;

La générosité consiste à donner de ce que l’on a devant soi ;

Entre l’oignon et sa pelure on ne tire qu’une mauvaise odeur ;

La maison s’élève pour tomber ;

L’homme porte son destin attaché à son cou ;

L’enfant naît pour mourir ;

La maison s’élève pour tomber.

Persans :

Décrire la jouissance qu’on a éprouvée, c’est la moitié de la jouissance ;

Une centaine de citadins ne peuvent dénouer le nœud fait par un paysan ;

Selon les nations, les dieux ;

La peine que l’on prend pour un ami est un repos ;

Le doute est la clé de toute connaissance ;

La fumée de chacun sait par où sortir ;

Si tu veux être apprécié, meurs ou voyage ;

À l’hôtel de la décision les gens dorment bien ;

Les femmes sont comme les chats qui retombent toujours sur leurs pattes ;

La force de l’eau vient de la source.

♦ Quelques proverbes soufis :

La langue est la meilleure masseuse des fronts ridés ;

Aucun médecin ne peut soigner les blessures faites par des mots ;

L’occasion est précieuse et le temps est une épée ;

Aucun moustique ne pique par méchanceté.

Et aussi, de la Turquie :

Peu de richesses vont plus loin avec de la conduite, que des trésors mal gouvernés ;

Qui cherche un ami sans défaut, reste sans ami ;

Il faut savoir sacrifier la barbe pour sauver la tête ;

Un homme sans chagrins, n’est pas un homme ;

Qui voit le village n’a que faire de demander son chemin ;

Le chien aboie, la caravane passe ;

Ne regarde ni la monture, ni le vêtement, regarde le cœur ;

Qui court trop vite, reste en chemin ;

Ce qui croît vite, meurt vite.

De l’Égypte :

Celui que ses parents n’éduquent pas, la vie l’éduquera ;

Cache le bien que tu fais, imite le Nil qui dissimule sa source ;

Tu as l’avantage sur la colère quand tu te tais ;

La langue est la ruine de l’homme ;

Mieux vaut vivre solitaire, que de souffrir mauvaise compagnie ;

Jette l’homme chanceux dans le Nil, il remontera avec un poisson dans la bouche ;

Perce le cœur de l’homme, tu y trouveras un soleil ;

L’homme est comme le boucher, il n’aime que celles qui sont grosses ;

Ce qui est passé est mort ;

La balance de l’homme est sa langue ;

La force de la vérité est qu’elle dure.

Du Liban :

Les rêves d’un chat sont peuplés de souris ;

La richesse est une patrie pour l’exilé ;

Qui accouche d’une fille la nomme Silence ;

Ton fils est à toi, mais non ta fille ;

Pour une passoire, ce n’est pas un défaut d’avoir des trous ;

S’il y avait avantage dans l’association, deux hommes ne prendraient qu’une femme ;

L’excuse est pire que la faute ;

Tous les jours, on apprend beaucoup de nos enfants et on oublie que c’est nous les parents.

De l’Iran :

Le musc est ce qui se sent, et non ce qui est vanté par l’épicier ;

Il ne faut pas tant se méfier des autres que se défier de soi-même ;

La dissimulation est aux affaires ce que l’alliage est à la monnaie : un peu est nécessaire, trop la discrédite ;

Mange peu, dort bien ;

Quand le ventre est vide, le corps devient esprit ; quand il est rempli, l’esprit devient corps ;

Mieux vaut vivre enchaîné près de celui que l’on aime, que libre au milieu des jardins près de celui que l’on hait.

De Proverbes et dictons orientaux (1882) :

L’envie n’a point de repos ;

Qui veille la nuit, se réjouit le matin ;

Le souvenir d’avoir été jeune, ne produit que du regret ;

Quelle autre chose est le temps qu’une route précipitée qui nous conduit continuellement à la mort malgré nous.

De L’Orient en proverbes (1909) :

Si tu aimes, donne-toi ; aimer n’a pas d’autre foi ;

L’envie est un feu qui prend flamme et qui brûle ;

Vivez contents, vous vivrez en roi ;

Moins on a d’esprit, plus on a de vanité ;

Le corps s’engraisse à force de dormir, mais l’esprit augmente à force de veiller ;

La colère commence par la folie et finit par le repentir ;

Les plaintes sont les armes des faibles.

Proverbes juifs, hébreux & yiddishs

« Trois choses mènent le monde : la loi, la religion et la bienfaisance »

On pourrait s’attendre à ce que le répertoire proverbial juif (hébreu & yiddish) soit comme ce proverbe très emprunt de morale ou de religion.

En réalité, même lorsqu’ils sont tirés du Talmud, ils sont souvent imagés. Ils sont même parfois provocateurs. Ils prennent volontiers à l’humour juif et à son autodérision.

Voir quelques proverbes juifs.

Demande un conseil à ton ennemi et fais le contraire ;

Mieux vaut parler avec une femme et penser à Dieu que de parler à Dieu et penser à une femme ;

Qu’importe que le fils meure pourvu que la bru soit privée de mari ;

Les gens riches ont des héritiers, pas des enfants ;

Les filles se souviennent du jour de leur naissance et en oublient l’année ;

Quand un voleur vous embrasse, comptez vos dents ;

Un rêve de beignets, c’est un rêve, et non pas des beignets ;

Pourvu qu’on ait la santé ! On peut toujours se pendre après ;

La belle-mère et la bru dans la même maison sont comme deux chats dans un sac ;

Dans mon pays, mon nom ; dans un pays étranger, mon habit ;

La jalousie, la convoitise et l’ambition mènent l’homme au cimetière ;

Ne regarde pas la cruche, mais ce qu’elle contient ;

Ne méprise personne, Il n’est personne qui ne puisse avoir son moment ;

La vie est un songe, mais, je t’en prie, ne me réveille pas ;

Dans l’amitié ménage une petite place pour la brouille ; et dans la brouille, une autre pour la réconciliation.

Et, tirés du Talmud, les célèbres :

Les murs ont des oreilles ;

La parole est d’argent, le silence est d’or.

Proverbes d’Afrique

En Afrique, les proverbes sont très importants : non seulement on leur donne une vraie fonction éducative, mais on s‘en sert pour résoudre des problèmes juridiques. Certains d’entre eux définissent même des lois.

Ils sont considérés comme appartenant aux sages et aux anciens (ceux-ci détiennent une grande autorité). En connaître un grand nombre confère respect et reconnaissance sociale.

Même si les femmes connaissent les proverbes, ce sont les hommes qui les utilisent le plus. Leur interprétation est presque considérée comme un art auquel les femmes n’ont pas le même accès. Elle passe parfois par des expériences initiatiques.

Les thèmes principaux des proverbes africains touchent au fondement de l’organisation sociale, aux relations entre les individus et aux pratiques usuelles, en particulier la chasse.

Ils empruntent volontiers à la nature et aux animaux, mais reviennent aussi souvent sur les mérites de la prudence, la solidarité, l’acceptation, la persévérance et la générosité…

Bien que les nations africaines soient nombreuses, on retrouve des recoupements entre leurs proverbes.

Le mot « proverbe » lui-même regroupe les dictons et les fables.

Enfin, en Afrique, les proverbes se disent, bien sûr, mais ils peuvent aussi être chantés. Ils oublient rarement d’être drôles !

Voir quelques proverbes africains.

Tout a une fin, sauf la banane qui en a deux ;

À trop se prendre pour un intelligent, on finit par dire bonjour à un mouton ;

Ce qui est plus fort que l’éléphant, c’est la brousse ;

L’éléphant n’est pas fatigué de porter sa trompe ;

Lorsque la tête du serpent est coupée, le reste n’est qu’un corde ;

La poule connaît l’aube, mais elle attend le chant du coq ;

Pour qu’un enfant grandisse, il faut tout un village ;

Au bout de la patience, il y a le ciel ;

Petit à petit, le coton devient un pagne ;

Le sel lui-même ne dit pas qu’il est salé ;

Une pirogue n’est jamais trop grande pour chavirer ;

La tortue ne s’est jamais vantée d’avoir un long cou ;

Le cou ne se lasse pas de la tête ;

C’est en essayant encore et encore que le singe apprend à bondir ;

Le vieil éléphant sait où trouver de l’eau ;

Ceux qui vont dans la même pirogue ont les mêmes désirs ;

Le mensonge donne des fleurs mais pas de fruits ;

Celui qui frappe un chien vise son maître ;

Le bruit d’un fleuve n’empêche pas le poisson de dormir ;

Le pays le plus vaste, c’est le ventre d’un homme ;

Lorsque tu ne sais pas où tu vas, regarde d’où tu viens ;

Viser trop crève l’œil.

Pour conclure : les proverbes sont un chemin qui fait le tour de la terre !

Ils y traversent des paysages tous très différents.

Le patrimoine mondial des proverbes, dont l’énormité donne le vertige, est une sorte d’océan de mots. Pourtant, l’observation qui fonde les proverbes, n’importe où dans le monde, a le même objet : l’Homme !

Elle a la même façon de l’appréhender et que ce soit en au fin fond de l’Afrique, au Japon, ou en Russie les proverbes considèrent que l’homme est tel qu’il est a priori, et pour toujours.

Force est donc de constater que s’ils disent rarement la même chose de la même façon, ils rassemblent souvent les mêmes préoccupations, aboutissent fréquemment aux mêmes conclusions.

Génie des nations ou sagesse des nations : « Les proverbes sont des flambeaux qui éclairent les discours. Ils reflètent l’histoire d’une civilisation et les idées dont ils traduisent les transformations » dit la couverture de Proverbes de l’Algérie et du Maghreb de Mohammed Ben Cheneb (première parution en 1905).

Mais, ici, là, ailleurs… Finalement, les proverbes relient les nations entre elles et du même coup les hommes entre eux.

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