C’est par la qualité d’un ouvrage qu’on peut estimer la valeur de celui qui l’a fait.
Employé ironiquement, le proverbe peut au contraire signifier que la mauvaise qualité d’un travail reflète les compétences de celui qui l’a fait.
Par extension, il signifie que la valeur d’une personne se mesure à ses actions.
Ce proverbe entame la fable « Les Frelons et les Mouches à miel », de Jean de La Fontaine (Livre I, fable 21).
Mais, comme souvent, La Fontaine s’est inspiré de Phèdre (auteur latin, v. 18 avant – 50 après J.-C.), qui mit lui-même en vers les fables d’Ésope (auteur grec, VIIe – VIe siècle avant J.-C.).
La fable de Phèdre s’intitule « Les abeilles et les bourdons par devant la guêpe » (troisième livre des Fables). Le poète y écrit : Apertum est quis non possit et quis fecerit, « On voit clairement qui n’a pas été capable et qui a fait ». La formule rejoint bien le sens du proverbe : on sait à qui l’on a affaire en regardant l’ouvrage.
Voir une traduction intégrale de la fable de Phèdre
LES ABEILLES ET LES BOURDONS PAR-DEVANT LA GUÊPE
Des abeilles au haut d’un chêne avaient fait des rayons ; et ces rayons, des bourdons propres à rien disaient qu’ils leur appartenaient.
Le différend fut porté devant le tribunal de la guêpe. Comme elle connaissait très bien l’une et l’autre espèce, voici la convention qu’elle proposa aux deux parties :
« Vous n’êtes pas sans vous ressembler par la forme du corps et votre couleur est la même, de sorte que sur le fait le doute est tout à fait permis. Mais, pour que ma conscience ne juge pas à faux faute d’être éclairée, prenez ces ruches et versez votre récolte dans des alvéoles de cire, afin que le goût du miel et la forme des rayons fassent voir, pour ceux dont il s’agit dans cette affaire, quel en est l’auteur. »
Les bourdons se refusent à l’épreuve ; les abeilles l’acceptent volontiers. Alors la guêpe prononça cette sentence :
“On voit bien clairement qui n’est pas capable de faire cet ouvrage et qui l’a fait. C’est pourquoi je rends aux abeilles la jouissance de leur bien. »
J’aurais passé cette fable sous silence, si les bourdons n’avaient pas refusé de tenir leur engagement.
(Traduction du blog latiniste : latinjuxtalineaire.over-blog.com)
Le proverbe peut aussi avoir une connotation religieuse : dans l‘Ancien Testament il est dit à plusieurs reprises que le monde visible nous aide à comprendre Celui qui en est l’auteur. On peut citer, par exemple, le chapitre I de l’épître aux Romains (Epîtres de Paul) : « […] les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l’œil nu, depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages ».
Il est sûrement impossible de trouver un proverbe prétendant que les bons artisans peuvent faire un mauvais travail, encore moins que les mauvais sont capables de bonnes choses. Mais ce proverbe nuance quelque peu :
Et au registre « la valeur d’une personne se mesure à ses actions » :
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